Mantes-la-Jolie : à 17 et 18 ans, ils ont plongé dans la Seine pour sauver une femme
Mantes-la-Jolie, ce jeudi matin. Brahim (à droite) a sauté dans la Seine pour sauver une femme qui venait de se jeter du pont. Son ami Dimitri est resté sur le bord du fleuve, lui aussi prêt à plonger, pour l’assister.
|25 mai 2017, 15h08 | MAJ : 25 mai 2017, 15h32
Deux jeunes de 17 et 18 ans n’ont pas hésité à sauter dans la Seine pour sauver une femme qui s’était jetée dans le fleuve du haut d’un pont.
Il est 13 h 10 ce mercredi lorsque Brahim Gomis grimpe dans le bus à hauteur de la collégiale de Mantes-la-Jolie. Il y retrouve son ami d’enfance Dimitri Jouan. Le bus roule vers Limay avant de freiner brutalement à hauteur du pont qui relie les deux communes.
Le chauffeur alerte son PC par radio. Des passagers crient : une femme s’apprête à sauter du pont. «Je l’ai vue passer par-dessus la rambarde, ses mains se sont agrippées au muret avant de lâcher», confie Brahim, 18 ans. «Le plus impressionnant a été le bruit de l’impact sur l’eau. Je l’ai crue morte à cause du choc», enchaîne Dimitri, 17 ans, lycéen à Mantes-la-Jolie.
«Vous ne mourrez pas aujourd’hui»
Dès lors, tout s’enchaîne très vite. Descendu du bus, Brahim dévale à toute vitesse les escaliers qui mènent aux berges de Seine. Il se déshabille, pose ses affaires le long du chemin qui longe le fleuve et plonge à l’eau. La femme flotte sur le dos, vivante, malgré une chute d’une quinzaine de mètres. «Je n’aurais pas eu peur de sauter depuis le pont mais je redoutais d’être emmené par le courant du mauvais côté de la pile», détaille Brahim, étudiant à Mantes-la-Ville.
Dimitri est resté au bord, déshabillé lui aussi et prêt à sauter. Il observe de près son ami nager vers la désespérée. «Elle me demandait de la laisser mourir. Je me souviens lui avoir dit Vous ne mourrez pas aujourd’hui, madame», enchaîne Brahim qui, pas une seule fois, ne ressent la température de l’eau, la force du courant ou un vague sentiment de peur. «C’est l’adrénaline. On ne réfléchit pas, on n’a pas le temps de cogiter», assure son ami.
Brahim, bon nageur, parvient à ramener la suicidaire vers les berges de Seine. Son copain l’attend, un pied dans l’eau. Derrière lui, une chaîne humaine s’est organisée pour l’empêcher de glisser. Les nageurs sont hissés sur la terre ferme.
«Ma mère était fière de moi»
La femme est vivante et consciente. Quelques minutes plus tard, les policiers arrivent, suivis des pompiers. Les forces de l’ordre notent les coordonnées des deux sauveteurs qui se rhabillent rapidement sans demander leur reste. «Nous n’avons vraiment pas l’impression d’avoir réalisé un acte héroïque, disent-ils. Pour nous c’était banal, normal. Il fallait le faire. Et puis, nous sommes retournés à la maison.»
Quand ils rentrent chez eux, ils en parlent à leurs proches qui les félicitent. «Ma mère ne pas m’a pas cru tout de suite, mais après, elle était fière de moi», sourit Dimitri qui aimerait avoir des nouvelles de celle qu’il a sauvée avec son camarade.
La femme suicidaire, âgée de 64 ans, a été emmenée à l’hôpital et fera l’objet d’un suivi psychiatrique.
Mantes-la-Jolie, ce jeudi. Certaines années, plusieurs tentatives suicides ont lieu plusieurs fois par an depuis ce pont. LP/MG.
C’est une triste et froide réalité. Le pont qui relie Mantes-la-Jolie à Limay est devenu au fil des ans un lieu prisé des personnes qui souhaitent mettre fin à leurs jours. Plusieurs fois par an, les pompiers repêchent ou sauvent des dépressifs qui ont enjambé la passerelle avant de se jeter dans la Seine, une quinzaine de mètres plus bas.
En septembre dernier, c’est une policière du commissariat de Mantes-la-Jolie qui s’est jetée à l’eau pour sauver un suicidaire. Entre février et mars 2012, trois personnes s’étaient suicidées à cet endroit. A l’hiver 2007, un jeune habitant de Limay avait lui aussi sauvé une suicidaire de la noyade en plongeant dans le fleuve, bravant une température glaciale.
leparisien.fr
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